c'est l'histoire d'elise qui s'en va faire un stage de 3 mois en Uruguay. Impressions d'une europeenne...

mercredi, juin 21, 2006

Le Cerro, point culminant de Montevideo

Une fois n’est pas coutume, la plus jolie vue de Montevideo n’est pas reservée aux classes supérieures. Le cerro est un quartier résolument populaire, à certains endroits proche du bidonville.


Pour y arriver, il faut d’abord effectuer une petite trotte en bus, la vue est belle également parce que le quartier se trouve à l’autre bout de la baie. Cela permet de se rendre compte de l’étendue de la ville qui s’étale sur 35 kilomètres de diamètre. On traverse plusieurs quartiers, plusieurs niveaux de vie, différentes facettes de la ville avec ce je ne sais quoi de commun, peut-être l’âme de Montevideo…Le Cerro est en fait une butte qui surplombe la baie au sommet de laquelle trône la fortaleza, la forteresse de Montevideo, haut lieu touristique : musée militaire à la gloire de Artigas (pour changer) et machines à pièces pour zoomer sur la vue. Le quartier tout autour est un ancien quartier industriel et ouvrier, comme en témoignent les fantômes des frigorificos, patrimoine industriel déchu. Ces usines de transformation ou de conservation de la viande destinée à l’exportation, sont aujourd’hui obsolètes ; la principale production de l’Uruguay n’étant plus ce qu’elle était.

Le quartier reste encore aujourd’hui populaire. Nous faisons la fin du trajet à pied, cela ne doit pas être courant, sur notre passage, tout le monde se retourne, ne se gêne pas pour nous regarder comme des ovnis. Le touriste n’a pas l’air d’être chose fréquente ici. La forteresse est tout près, mais elle est comme une bulle, un corps étranger qui ne s’intègre pas à son environnement. Nous croisons des habitations vraiment précaires, pourtant Ulrika (une amie suédoise en stage d’assistanat social dans le quartier) nous dit que nous traversons la partie la plus aisée du quartier, qu’ici tout le monde a un téléphone portable, mais pas forcément quelque-chose à manger. La Suisse de l’Amérique du Sud est tout de même un peu tombée de son pied d’estale...


mardi, juin 20, 2006

l'anniversaire d'Artigas

Je me fais un peu rare en ce moment. Je croule sous le travail au ministere (presentation finale de dossier dans tres peu de temps, fonctionnaires fonctionnant comme des fonctionnaires : resultat, nous sommes deux a travailler plus que les 6h officielles par jour...)
Il faut tout de meme que je prenne le temps pour une petite anecdote.
Hier, 19 juillet, etait un jour ferie pour la commemoration de la naissance d'Artigas, grand heros de la liberation et de l'independance de l'Uruguay. Quasiment tous les jours feries ont quelque chose a voir avec lui.
Hier, donc, je profite de ce jour chomé et pluvieux pour aller au cinema. Et la, grande surprise, entre les publicites et le debut du film, voila que se met a retentir l'hymne uruguayenne. Toute la salle se met debout et chante en choeur, l'air digne, pop-corn a la main. Puis, tout le monde se rassoit, et la seance reprend.
Surrealiste.

jeudi, juin 08, 2006

Mais qu’est qu’ils ont avec la rambla?

Ici, tout le monde considere la rambla qui longe la cote Sud de la ville comme un des endroits les plus beaux de Montevideo. Tous vont se ballader la bas le week-end venu, envient ceux qui y vivent, parlent de la preciosite de leur fameuse rambla. Meme les touristes semblent y trouver leur compte et s’enchanter de ce lineaire si agreable... Alors, serait-ce moi qui ait un probleme???? En effet, la rambla me laisse froide. Elle devait en effet etre charmante il y a 30 ans, mais aujourd’hui, le front de mer est defigure par les immeubles de 15 etages et par la voie rapide qui mene de Montevideo a l’aeroport et aux departements de l’Est. Alors oui, il y a le Rio de la Plata a perte de vue si on regarde au loin et qu’on ne tourne pas la tete, mais les voitures sont nombreuses, roulent vite et il faut crier pour se faire entendre, les immeubles sont tous les memes, sans ame ni identite, et la rambla ressemble aujourd’hui a n’importe quelle station balneaire de tourisme massif...


La solution est pourtant simple, il suffit de monter de deux rues et on se retrouve dans le Montevideo plus historique avec ses petites maisons coloniales, plus ou moins colorees, plus ou moins decrepites, on peut encore sentir la mer, sans voir ni immeuble, ni voiture, les quadras ne sont pas tres longues et on peut la voir a chaque intersection.... Bref on peut s’imaginer la cote quand elle avait encore du charme. Mais quand je dis ca aux gens, ils me regardent d’un air etrange...

jeudi, mai 25, 2006

San Gregorio, l'urbain rural


Fin de week-end, avant de rentrer a Montevideo, nous faisons une escale a San Gregorio de Polanco, petite ville de moins de 3000 habitants, au centre de l’Uruguay sur les berges du Rio Negro, perdue au milieu des grandes prairies dediees a l’elevage. Il s’agit d’une ville typique de l’interieur du pays, fortement reliee au milieu rural. Evidemment, etant donne l’echelle reduite, tout le monde se connait, mais pour autant, l’etranger n’est pas considere avec mefiance. Sur notre passage, presque toutes les personnes que nous croisons se fendent d’un "Hola". Comme dans la plupart des villes uruguayennes, le plan de la ville suit la loi des Indes et organise les rues en cuadras strictes.Les deux rues principales sont goudronnees, mais tres vite en s’eloignant du centre, le revetement disparait, les rues s’apparentent alors plus a des chemins de terre, et les maisons "s’apauvrissent" egalement. A deux rues du centre, la campagne commence deja, et on retrouve vaches et chevaux qui paissent. La pauvrete se fait ressentir, mais se promener dans les rues "peripheriques" reste agreable. Tout est calme et tranquille, les gens manquent de moyens, mais aucune aigreur apparente ne se fait sentir. San Gregorio semble donner raison a Aznavour, "il me semble que la misere serait moins penible au soleil".


San Gregorio possede cependant une particularite qui la differencie des autres villes de l’Interieur, son Museo Abierto de Artes Visuales. En effet, depuis 1993, une cinquantaine de murs sont peints, oeuvre d’artistes locaux principalement, mais quelques artistes nationaux, voire internationaux (mais toujours d’Amerique Latine) ont egalement laisse leur empreinte.
Esthetiquement parlant, beaucoup ne sont pas d’un tres grand interet et ne revolutionnent pas le monde de l’Art, d’autant plus que beaucoup ont souffert du temps et certains sont presque totalement effaces, mais l’ensemble donne un certain cachet a la ville, comme ce portrait geant de Carlos Gardel par exemple.

El campo uruguayo

Un autre week-end hors du monde urbain, mais cette fois, direction l’interieur du pays, l’Uruguay profond et rural. Deux jours dans une estancia, plusieurs centaines d’hectares de pampa dedies a l’elevage. Cecilia nous accueille, c’est la maison familiale, mais son pere est mort il y a quelques annees, la terre a ete divisee entre les differents freres et soeurs et elle a heritee de la maison en contrepartie d’un peu moins de superficie que les autres. Elle vit entre la et Montevideo, seule avec Severo, gaucho de son etat, et Mabelle, l’employee de maison, et accueille chaleureusement les touristes qui souhaitent connaitre sa campagne. A part nous, il y a un vieux chasseur espagnol qui nous ramenera perdrix et lievres que Mabelle nous cuisinera.


L’image marquante du week-end se rapproche du cliche : des terres a perte de vue, l’horizon a 360 degres, perturbé seulement ponctuellement par quelques arbres regroupes. Je suis en compagnie de trois gauchos, les fameux cow-boys d’Amerique du Sud, qui se deplacent encore a cheval dans ces grandes etendues d’elevage extensif. Il faut aller rassembler les moutons avant la nuit, on se presse un peu car il se fait deja tard....et en effet, une fois les moutons parques dans leur enclos, le soleil se couche alors que nous repartons vers l’estancia. Il ne manquait que la musique pour se croire dans un film...Ainsi, l’Uruguay a su garder ses traditions anciennes, et l’interieur du pays semble preserve de toute modernite, au milieu de rien, on se nourrit, on s’habille, on vit de ce qu’on produit, car la ville est loin et les chemins qui y menent sont bien cahoteux.


Seul un petit village se trouve dans les alentours de notre estancia, mais peut-on appeler ca un village? Une ancienne station de train, appelee Francia (!!!), une ecole ou moins d’une dizaine d’enfants viennent a cheval et un bar tout droit sorti des annees 50, ferme depuis que les gauchos ont des motos et peuvent se permettre de pousser jusqu’au village suivant. Depuis, vaches et moutons semblent etre les principaux occupants de Francia...

jeudi, mai 18, 2006

Journee de stage a Fray Bentos


Fray Bentos se trouve a un peu plus de 300 km au Nord-Ouest de Montevideo, sur la rive du Rio Uruguay, premier pont "physique" entre l’Argentine et l’Uruguay. Il faut entre 3 et 4h de voiture pour s’y rendre, donc depart le matin a 6h30. Un peu rude.
Arrives sur place, nous commencons une petite reunion tous ensemble (nous sommes sept de la DINOT) avec les gens de l’Intendance de Rio Negro avant de se partager les taches. Etonnament, il n’est pas une fois question de l’enorme conflit genere par les futures usines de cellulose qui font s’implanter dans la ville (une finlandaise, puis une espagnole). Il s’agit pourtant du sujet d’actualite du moment dans toute sa splendeur. Le pont est regulierement bloque. Les ecologistes s’insurgent. Le president Uruguayen, Tabaré Vasquez, taxe les Argentins de jaloux, assure que les usines ne pollueront pas, que l’argent coulera a flot. Et refuse de negocier. Le president argentin, Kirchner, de son cote, exige une interruption du chantier pour pousser plus loin les etudes d’impact des usines sur l’environnement, et notamment sur le fleuve separant les deux pays. Le Mercosur traverse une mauvaise passe.
Mais bon, pas question de cela aujourd’hui... L’implantation des usines est consideree comme un fait, et le plan strategique de la microregion qu’est en train d’elaborer la DINOT devra compter avec.



Je fais le tour la ville avec deux sociologues qui ne sont encore jamais venues, notre guide est l’assistante sociale de l’intendance. Par consequent, notre visite s’avere plus "sociale" que touristique. Longues explications detaillees sur les differents logements sociaux construits par la municipalite, quadrillage methodique des nouveaux quartiers et du camping de las Cañas, ou nombreuses sont les installations de l’Intendance. Par contre, le centre-ville ne sera qu’une zone de transit entre deux arrets, et on ne fera que passer furtivement avec arret express dans le barrio Anglo, le quartier des anciens frigorifiques ou l’on transformait les vaches en boites de conserve avant de les exporter. Ce quartier date du XIXe siecle, et faisait vivre toute la ville jusqu’au declin et a la fermeture de l’usine dans les annes 70. La ville connait alors une crise, comme la plupart des autes villes d’Uruguay a la meme epoque. Aujourd’hui, il reste un patrimoine industriel assez impressionnant et fortement symbolique, qu’il aurait ete agreable de decouvrir en plus de 5 minutes....

dimanche, mai 14, 2006

Candombe et milonga

Cette semaine fut celle des essais, mardi candombe et jeudi milonga, deux aspects importants de la culture uruguayenne.

Le candombe, originellement, désigne un rythme arrivé d’Afrique avec les esclaves noirs qui débarquaient dans le port de Montevideo avant d’être envoyés le plus souvent au Brésil. Son esprit musical résume les douleurs des esclaves malheureux, qui ont été transplantés à la hâte en Amérique du Sud pour être vendu et être soumis au travail brutal. C'étaient des âmes faites pour souffrir, hébergeant une nostalgie inconsolable pour leur patrie. Le rythme candombe est créé par l'utilisation de trois tambores (tambours) : le tambor piano, le tambor chico et le tambor repique.


Aujourd’hui, cette tradition persiste, et le dimanche, dans les rues de Montevideo et notamment dans le Barrio Sur, le quartier noir de la ville, on peut entendre les llamadas, les « appels », résonner. Les tambores se réunissent et défilent dans les rues, entourés de tous ceux répondent à ces appels et viennent danser autour des musiciens. À intervalles, la cuerda fera une pause, et en allumant un feu, réchauffera les peaux des tambours pour obtenir le bon accord.
Malheureusement, le cours que nous avons pris n’avait pas la chaleur de ces manifestations dominicales, et je pense qu’il n’y en aura donc pas d’autre.

Alors, nous sommes allées tenter un autre aspect de la culture uruguayenne, la milonga, qui est normalement le lieu où l’on va danser, mais également le nom d’une forme de tango au rythme plus rapide. C’était déjà plus convaincant, le cours est peuplés de gens assez mûrs, et plein de patience envers deux jeunes françaises avec deux pieds gauches chacune…
Mais on nous a tout de même conseillé de commencer par le tango « classique », car c’est apparemment plus facile d’apprendre à accélérer le rythme qu’à décélérer, et donc de passer du tango à la milonga. La semaine prochaine donc, tango .

jeudi, mai 04, 2006

La Ciudad Vieja, grandeur et décadence


La vieille ville, la Ciudad Vieja , correspond à l’emplacement de l’ancienne ville coloniale dont elle porte encore de nombreuses traces. Un grand nombre d’édifices du XIXe siècle rappelle cette glorieuse époque, et on ne trouve que très peu de bâtiments modernes ayant réussi à infiltrer ce quartier qui a réussi à conserver une ambiance, une odeur particulières. Le style est peut-être résolument européen, avec des influences espagnoles, françaises, anglaises, mais l’air est différent ici, quelque chose d’imperceptible donne son cachet unique à ce quartier. Pas de doute, on est à Montevideo et nulle part ailleurs. Dans chaque rue, on voit le Rio qui encercle la péninsule au Nord, à l’Ouest et au Sud, et si jamais on ne regarde pas, on peut tout de même le sentir .


Cependant, si on est transporté dans un autre temps, ce n’est pas celui du riche port colonial. La crise économique a eu raison du vernis des bâtiments qui tombent plus ou moins en ruine. La Ciudad Vieja est aujourd’hui un quartier populaire, les classes aisées se sont déplacées vers les banlieues résidentielles au tissu plus lâche, comme Carrasco.
Depuis quelques années cependant, l’Intendance de Montevideo essaie de réhabiliter ce patrimoine dont elle comprend la valeur, symbolique comme touristique, mais cela prend du temps, d’autant que le pays a du mal à se remettre de la crise qui s’est révélée dévastatrice.
Aujourd’hui, la Ciudad Vieja présente un curieux mélange de bâtiments rénovés où s’installent commerces branchés et cafés, et de bâtiments dont on devine l’intérêt architectural, mais qui menacent de s’écrouler et qui sont soit abandonnés, soit habités par des familles sans moyens. Ce mélange révèle cependant une certaine richesse, c’est quelque part ce qu’on pourrait appeler de la mixité sociale, même si, à terme, la population défavorisée risque d’être balayée…